
Le guidon d’un Solex est bien plus qu’une simple pièce de direction. C’est la signature esthétique de votre cyclomoteur et le point de contact direct avec la route. Lorsqu’il est tordu, piqué par la rouille ou inadapté, toute l’expérience de restauration est compromise. Le remplacer n’est pas qu’une question de compatibilité ; c’est une décision stratégique qui impacte l’authenticité, le budget et la sécurité de votre projet. Avant de chercher à acheter un guidon pour Solex, il faut donc apprendre à décoder les besoins réels de votre machine.
Ce processus ne se résume pas à une simple recherche de pièce détachée. Il s’agit de comprendre l’écosystème complet qui entoure cet élément central : de l’état du métal à la compatibilité des poignées, en passant par le choix entre une pièce d’époque et une reproduction fidèle. C’est en adoptant cette vision globale que vous ferez un choix éclairé, durable et parfaitement adapté à votre Solex.
La sélection du guidon Solex en 4 étapes
- Diagnostiquer avant de remplacer : Évaluer objectivement si votre guidon actuel est réparable ou s’il représente un danger.
 - Identifier sans erreur : Utiliser des mesures précises et des repères visuels pour trouver le modèle 100% compatible.
 - Choisir selon votre projet : Aligner votre choix (origine, reproduction, custom) avec vos objectifs d’authenticité et de budget.
 - Prévoir l’écosystème : Anticiper l’achat des pièces périphériques (poignées, câbles, leviers) pour un montage réussi.
 
Avant d’acheter : votre guidon actuel est-il vraiment irrécupérable ?
L’envie de repartir sur une base neuve est forte, mais un guidon d’origine, même abîmé, a une valeur. La première étape consiste donc à réaliser un diagnostic honnête pour déterminer si un remplacement est véritablement indispensable. Tout commence par l’inspection de la corrosion.
Rouille de surface ou rouille perforante : comment faire la différence ?
La rouille de surface apparaît comme une poussière rouge-brun qui se gratte facilement. La rouille perforante, elle, crée des piqûres, des cloques ou des trous dans le métal, indiquant une faiblesse structurelle irréversible.
Cette distinction est capitale, car elle conditionne la survie de la pièce. La rouille de surface peut souvent être traitée avec des produits spécifiques et un polissage. La rouille perforante, en revanche, est un signal d’alarme qui ne doit pas être ignoré.
Une rouille qui soulève la couche de finition sombre est causée par une forte humidité. La rouille continue dénote des dommages provoqués par une rouille perforante qui affaiblit structurellement le métal.
– Institut de conservation du Canada, Soins de base – Comment reconnaître les métaux et leurs produits de corrosion
L’image ci-dessous illustre la différence fondamentale entre une oxydation superficielle, qui peut être stoppée, et une corrosion qui a déjà attaqué la structure même du chrome et de l’acier sous-jacent.

Observer ces détails vous permet de juger si un simple traitement suffira ou si la sécurité impose un changement. Au-delà de la rouille, vérifiez si le guidon est tordu. Posez-le sur une surface plane : si les deux extrémités ne touchent pas, il est déformé. Un redressement est possible, mais il peut fragiliser le métal, surtout au niveau des soudures.
Si la structure est saine, le re-chromage peut être une option pour retrouver l’éclat d’origine. C’est une solution qui préserve l’authenticité, mais son coût doit être pesé. En effet, le re-chromage d’un guidon coûte généralement entre 60 et 150 euros selon la complexité, un budget parfois équivalent à une reproduction neuve. Si le guidon est perforé ou sévèrement tordu, le remplacement devient la seule solution logique pour garantir votre sécurité. C’est une étape cruciale avant même de choisir un équipement de protection, car la maîtrise de votre véhicule en dépend.
La checklist infaillible pour identifier le modèle compatible avec votre Solex
Une fois la décision de remplacer prise, l’identification du bon modèle commence. Les Solex ont évolué, et leurs guidons aussi. Se fier à une simple photo est le meilleur moyen de se tromper. Une méthode rigoureuse en trois points est nécessaire : mesure du diamètre de la potence, observation des fixations et analyse de la forme du cintre (la partie courbée).
Diagnostic rapide de l’état du guidon en 3 étapes
- Étape 1 : Inspecter visuellement la surface du guidon à la lumière naturelle, en cherchant des zones rouges-brunes (rouille de surface) versus des trous ou piqûres (corrosion perforante).
 - Étape 2 : Appuyer légèrement avec votre doigt ou un outil non abrasif sur les zones suspectes : la rouille de surface se détache facilement, tandis que la corrosion profonde résiste ou cède avec un craquement.
 - Étape 3 : Mesurer l’épaisseur du métal à l’aide d’un calibre ou en examinant les zones minces sous fort grossissement : si l’épaisseur est réduite de plus de 30%, le guidon est structurellement compromis.
 
La plupart des modèles (2200, 3800) utilisent un diamètre de potence de 22 mm, mais le Solex 5000, plus petit, a une potence de 20 mm. Cette simple différence rend les pièces non interchangeables. Le tableau suivant synthétise les caractéristiques clés pour vous aider à y voir plus clair.
| Modèle Solex | Diamètre de potence | Type de cintre | Hauteur approximative | Fixation des leviers | 
|---|---|---|---|---|
| 2200 (cadre rond) | 22 mm | Col de cygne galbé | 70–80 mm | Directe sur cintre | 
| 3300 (cadre carré) | 22 mm | Col de cygne épais | 80–90 mm | Poignées vissées | 
| 3800 (cadre carré) | 22 mm | Cintre profond galbé | 90 mm | Poignées Domino standard | 
| 5000 (petit cadre) | 20 mm | Cintre fin élevé | 100+ mm | Poignées adaptables | 
Attention aux « faux-amis » : certains guidons de 3800 et 2200 se ressemblent, mais leur angle et leur hauteur diffèrent, ce qui affecte non seulement l’esthétique mais aussi la longueur des câbles nécessaires. Le plus grand piège reste les Solex « hybrides », souvent assemblés au fil des années avec des pièces de différentes époques.
Étude de cas : Diagnostic et compatibilité sur un Solex hybride
Un propriétaire de Solex découvrait que son véhicule, numéroté avec un moteur 3800, possédait un cadre rond typique du 2200. L’investigation révéla un assemblage d’époque mêlant pièces de différents modèles. La solution fut d’identifier tous les numéros de série (moteur, cadre, potence) et de consulter des forums spécialisés pour confirmer la configuration réelle. Cette étude montre que 15–20% des Solex restaurés sont des hybrides assemblés avec des pièces compatibles.
Pièce d’origine, reproduction fidèle ou adaptation : quel choix pour quel projet ?
Le marché offre trois grandes options, chacune répondant à une philosophie de restauration différente : la pièce d’origine pour le puriste, la reproduction pour le pragmatique et l’adaptation pour le créatif. Votre choix doit être aligné avec l’objectif final de votre projet : une valeur de collection, un usage quotidien ou une expression personnelle.
Le choix du puriste se portera sur une pièce d’origine, dite « New Old Stock » (NOS) ou d’occasion. C’est le graal de l’authenticité, garantissant une patine et une valeur historique. Cependant, ces pièces sont rares, souvent chères, et leur état peut être discutable. À l’inverse, une reproduction neuve offre une tranquillité d’esprit pour un usage régulier, avec un chrome éclatant et une compatibilité assurée, au détriment d’une part d’âme historique.

Enfin, l’adaptation d’un guidon d’un autre cyclomoteur ouvre un champ de personnalisation (look « custom », café racer), mais elle comporte des risques techniques : modifications de la potence, adaptation de la câblerie et ergonomie potentiellement dégradée. C’est un choix audacieux qui peut déprécier la valeur de revente de votre Solex aux yeux des collectionneurs.
Pour arbitrer entre ces options, l’équation budget-authenticité est centrale. Le tableau ci-dessous vous aide à peser le pour et le contre de chaque solution en fonction de vos priorités et de vos moyens.
| Option | Avantages | Inconvénients | Coût estimé | 
|---|---|---|---|
| Pièce d’origine NOS | Authenticité garantie, valeur de collection, patine historique | Rare à trouver, souvent corrodée, coûteux, risque de contrefaçon | 80–200 € | 
| Reproduction fidèle | Qualité moderne, compatible, prix accessible, garantie | Moins d’authenticité, chromage peut être moins pérenne | 50–120 € | 
| Re-chromage d’origine | Préserve la pièce historique, restaure l’esthétique, unique | Coûteux, peut affaiblir l’acier, délais d’atelier longs | 60–150 € | 
| Adaptation custom | Style personnel, liberté créative, nouvelles géométries | Risque de non-compatibilité, ergonomie modifiée, perte de valeur | 80–250 € | 
À retenir
- Diagnostiquez la rouille : la corrosion perforante impose un remplacement pour des raisons de sécurité.
 - Mesurez avant d’acheter : le diamètre de potence (22 mm vs 20 mm) est le critère de compatibilité numéro un.
 - Le choix de la pièce (origine, repro) dépend de votre objectif : collection, usage quotidien ou customisation.
 - Pensez à l’écosystème : un nouveau guidon implique souvent de nouveaux câbles, gaines et poignées.
 
Anticipez l’écosystème : les composants périphériques à ne surtout pas oublier
Acheter un guidon seul, c’est ne faire que la moitié du chemin. Pour un montage réussi, il faut penser à tout l’écosystème de pièces qui s’y connecte. Oublier un de ces éléments peut transformer une installation rapide en un véritable casse-tête. Il est donc crucial d’anticiper l’achat de toutes les pièces et équipements essentiels au poste de pilotage.
Le piège le plus courant est celui de la compatibilité des anciens composants. Vos leviers de frein ou vos poignées pourraient ne pas s’adapter parfaitement à un guidon neuf, dont le diamètre ou la courbure peuvent légèrement varier. De même, un guidon plus haut ou plus large exigera des câbles et des gaines plus longs pour éviter toute tension qui pourrait nuire au freinage ou à l’accélération.

La précision est ici votre meilleure alliée. Le passage des câbles doit être fluide, sans coude trop prononcé. Comme le souligne l’équipe de Spomotoscooter à propos des gaines, celles-ci doivent être à la fois rigides pour un freinage efficace et souples pour bien suivre les courbes du cadre. Utiliser des longueurs adaptées est donc une question de performance et de sécurité.
Panier complet : pièces essentielles à prévoir pour le montage du guidon
- Guidon + potence (diamètre correspondant au modèle : 22 mm pour 2200/3300/3800, 20 mm pour 5000).
 - Poignées de guidon Domino ou adaptées (vérifier la longueur des embouts : généralement 145 mm).
 - Câble de frein avant (1,20 mm, longueur ~910 mm pour 3800) et gaine grise ou noire.
 - Câble de frein arrière (1,80 mm, longueur ~1660 mm) et gaine assortie.
 - Câble d’accélérateur / gaz (si le modèle en possède : ex. 3800) et gaine.
 - Serre-câbles et butées de gaine pour maintien.
 - Vis de potence, écrous et rondelles (généralement M6 ou M8 selon modèle).
 - Leviers de frein et d’accélérateur (vérifier compatibilité avec nouveau guidon).
 - Sonnette ou klaxon (pièce de sécurité souvent oubliée).
 - Lubrifiant WD-40 pour gaines (jamais d’huile ou graisse qui bloquerait les câbles).
 
Pour vous aider à anticiper, voici un récapitulatif des longueurs de câbles standards, qui varient subtilement d’un modèle de Solex à l’autre.
| Type de câble | Solex 2200 / 3300 | Solex 3800 | Solex 5000 | Diamètre standard | 
|---|---|---|---|---|
| Câble de frein avant | ~900 mm | ~910 mm | ~850 mm | 1,20 mm (15/10e) | 
| Câble de frein arrière | ~1600 mm | ~1660 mm | ~1550 mm | 1,80 mm | 
| Câble d’accélérateur | N/A (non inclus) | ~1400 mm | ~1350 mm | 1,20 mm | 
| Câble de ralenti | N/A | ~690 mm | ~680 mm | 1,00 mm | 
Questions fréquentes sur le guidon Solex
Comment mesurer précisément le diamètre de la potence ?
Utilisez un pied à coulisse digital (précision ±0,1 mm) en mesurant le diamètre extérieur du tube de potence au-dessous du cintre. Les Solex standard utilisent 22 mm, le 5000 utilise 20 mm. Vérifiez également le passage des gaines : un écart peut indiquer une potence adaptée non d’origine.
Les guidons des différents modèles sont-ils interchangeables ?
Non systématiquement. Bien que le diamètre de potence soit souvent identique (22 mm pour 2200, 3300, 3800), l’angle de col de cygne, la longueur des passages de gaine et la hauteur diffèrent. Un guidon 3800 sur un 2200 peut nécessiter des adaptations ergonomiques ou d’esthétique.
Comment identifier un guidon d’origine versus une reproduction ?
Vérifiez les soudures (d’origine : régulières et lisses en atelier ; reproductions : parfois visibles ou inégales), la marque d’usine (poinçons sur les anciennes pièces), et la patine du chromage (d’origine : patine naturelle progressive ; neuf : uniforme et brillant).